Une étude parue tout récemment a attiré mon attention. Il s’agit d’une étude qualitative portant sur le rapport des personnes végétariennes et végétaliennes aux aliments ultra transformés. Pour mener cette étude, les chercheuses ont interrogé des personnes végétariennes et végétaliennes vivant en Norvège : des personnes jeunes ou moins jeunes, des personnes vivant en ville ou en milieu rural, toutes ayant adopté une alimentation végétarienne ou végétalienne depuis plus de 2 ans.
Les chercheuses sont parties du constat que les personnes végétariennes et végétaliennes consomment de plus en plus d’aliments ultra-transformés et qu’elles en consomment généralement plus que les personnes ayant une alimentation carnée. L’objet de ces entretiens, c’était donc de mettre en lumière les comportements des personnes végé vis à vis des aliments ultra-transformés, mais aussi leurs connaissances à ce sujet.
Plusieurs des personnes végé participantes ont évoqué le caractère pratique et la disponibilité des aliments transformés pour en justifier la consommation, notamment pour ce qui concerne les substituts aux aliments carnés ou aux produits laitiers. Toutes ont d’ailleurs souligné que l’augmentation de la disponibilité des aliments ultra-transformés végétariens et végétaliens rendait plus facile de suivre un régime végétalisé.
Les attitudes des participants et participantes vis à vis de ces aliments ultra-transformés étaient diverses. Certain.es en avaient une vision négative, notamment en raison des process industriels nécessaires à leur fabrication, ou en raison de leur composition nutritionnelle. Ces personnes là cherchaient donc à les éviter, mais pointaient du doigt la difficulté de faire complètement sans puisque de plus en plus d’aliments sont ultra-transformés.
D’autres avaient une attitude plus positive, considérant que ces aliments ultra-transformés pouvaient être de saveurs et consistance agréables, qu’ils rendaient plus facile l’adhésion à un régime végétarien ou végétalien, et que certains substituts végétaux à base de légumineuses pouvaient être des alternatives saines à la consommation de certains produits d’origine animale, voire meilleures pour la santé.
Certain.es cependant interrogeaient la durabilité de ces aliments et de leurs process de fabrication, ce qui n’est pas sans lien avec la motivation environnementale que l’on trouve souvent derrière le choix d’adopter une alimentation plus végétale.
Pour ce qui est des raisons qui poussent les personnes végé participantes à consommer de tels produits, les chercheuses en ont mis en évidence quatre principales :
– le goût, notamment lorsque ces aliments imitent la consistance et les saveurs des aliments carnés dont ils sont les substituts végétaux ;
– le caractère pratique ;
– le gain de temps ;
– les contextes sociaux, pour lesquels il peut être facilitant de recourir à des substituts végétaux.
Bon, personnellement, je n’ai pas appris grand-chose en lisant cette publication, car c’est déjà ce qui ressort des échanges que je peux avoir avec mes patients et patientes. Mais le fait que les personnes végétariennes et végétaliennes consomment plus de produits ultra-transformés que les autres me conforte dans l’idée que, d’une part, il convient de donner des clés aux personnes concernées pour mieux choisir ces aliments si elles en consomment (ce que j’avais fait dans cet article là !) et d’autre part, il me semble important de sensibiliser les personnes végé au fait qu’il est souhaitable de ne pas sur-consommer ces aliments et d’apprendre à équilibrer ses repas autour d’autres aliments phares, comme les légumineuses par exemple (dont je faisais déjà la pub ici !)
L’idée ce n’est pas de nier la praticité et le plaisir gustatif lié à la consommation de ces aliments, ni même de les bannir de ses habitudes, mais d’apprendre à leur réserver une place plus modeste, tout en faisant des choix éclairés au supermarché parmi une offre grandissante et surtout extrêmement diverse d’un point de vue nutritionnel.
C’est d’ailleurs l’occasion de rappeler que les produits ultra-transformés ne sont pas, par essence, mauvais pour la santé. En la matière il faut en effet faire preuve de nuance, car tous les aliments ultra-transformés ne se valent pas. Pour creuser ce sujet, je vous renvoie à l’excellente vidéo du collègue qui tient la chaine Nutrition et Zététique : par là !
Et si vous avez besoin de repères concernant l’équilibre d’un régime végétarien ou végétalien, n’hésitez pas à solliciter les conseils d’un·e diététicien·ne formé·e aux spécificités de ces alimentations. Vous pouvez notamment trouver sur le répertoire des pro de santé mis en ligne par l’ONAV un·e diététicien·ne qui exerce près de chez vous, ou qui exerce en visio, comme moi…
L’étude mentionnée est la suivante : Haneberg J, Molin M, Gjeitung Byfuglien M, Garnweidner-Holme L. Vegetarians’ and vegans’ experiences with and attitudes towards ultra-processed foods (UPF): a qualitative study. BMC Nutr. 2024 Sep 12;10(1):121. doi: 10.1186/s40795-024-00925-y.