Dans un article publié le 5 novembre dernier, la vice présidente de la fédération française de naturopathie (la Féna) propose 5 clés pour s’assurer que l’on a pas affaire à un charlatan lorsque l’on s’adresse à un-e naturopathe. Mais avant d’aborder le contenu de cet article, nous devons d’abord nous mettre d’accord sur ce que l’on entend par « charlatanisme ». Et ça tombe bien, parce qu’il existe une définition légale du charlatanisme, dans le code de la santé publique : le charlatanisme consiste à proposer comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Voyons donc si les 5 points mis en avant par la vice-présidente de la fédération française de naturopathie permettent d’éviter des procédés insuffisamment éprouvés ou illusoires…
Dernier point de la liste de cinq : elle indique qu’il faut se faire délivrer une facture à l’issue de la consultation avec un-e naturopathe. Certes, c’est une bonne chose, mais je pense que vous serez d’accord avec moi pour affirmer qu’avoir une facture ne signifie absolument pas que l’accompagnement reçu repose sur des bases sérieuses…
En 4ème, elle met en garde contre les recommandations de compléments alimentaires ou huiles essentielles hors de prix. Bon, effectivement, c’est mieux de ressortir de consultation sans avoir des centaines d’euros à dépenser pour des produits divers et variés… Mais avoir une fiche de recommandations raisonnable du point de vue de son coût financier ne garantie pas non plus que les conseils donnés soient avisés et éprouvés.
Ensuite, en 3ème, elle insiste sur la nécessité d’un entretien physique d’une durée d’environ une heure. Alors là, il faudrait m’expliquer en quoi un entretien physique, par opposition à une consultation en visio, serait une garantie du sérieux de la discipline… Rencontrer physiquement son ou sa naturopathe ne garantie absolument pas le sérieux de ce qui va se dire en cours d’entretien !
En 2ème, elle indique que les tarifs doivent être clairement affichés. Là encore, aucun rapport avec le fait que les procédés employés soient éprouvés, il s’agit juste d’une obligation légale.
Bon, j’ai gardé le meilleur pour la fin : le premier point abordé fait référence à la formation suivie par le ou la naturopathe que vous souhaitez aller voir. La vice présidente de la Féna promeut ici le sérieux des formations dispensées dans les 8 centres agrées par la Féna, comme pour assurer que les naturopathes ainsi formé-e-s ne sont pas des charlatans. Alors ça tombe bien, j’avais déjà abordé ce sujet dans un article : je vous en remet un extrait pour que vous vous fassiez une idée du sérieux des formations agrées par la fédération française de naturopathie.
« Car dans une école de naturopathie sérieuse, on apprend entre mille autres choses que l’on peut soigner une vaginite avec des extraits homéopathique de vagins prélevés sur un cadavre animal (organothérapie), que l’on peut renforcer son immunité en vue de guérir un cancer en dessinant et coloriant ses tumeurs et ses cellules immunitaires en action (programmation par visualisation biologique), on apprend que l’on peut lire dans les yeux d’une personne ses prédispositions en terme de maladie (iridologie), que l’argent colloïdal est un anti-infectieux majeur (oligothérapie), que l’on peut analyser les traits du visage d’une personne pour cerner sa personnalité mais aussi ses problèmes de santé (morphopsychologie – d’après mon enseignante je manquais de protéines animales, c’était visible sur mon visage… et ça n’a bien évidemment rien à voir avec ses préjugés et sa méconnaissance de l’alimentation végétale…).
Dans une école de naturopathie sérieuse, on apprend aussi que l’on peut contribuer à guérir à peu près tout et n’importe quoi en massant les pieds d’une personne (réflexologie plantaire) ou en lui titillant l’intérieur du nez avec un stylet (sympaticothérapie), on apprend les bases de la psychanalyse, l’intérêt de thérapies non conventionnelles comme la programmation neuro-linguistique, l’EFT ou le rebirth, et les bases de la bio-électronique de Vincent. On y apprend également l’intérêt de la diète alcaline pour préserver l’équilibre acido-basique, la théories des signatures de Paracelse, les bienfaits du régime hypotoxique du Docteur Seignalet, les bénéfices des purges, lavements et drainages divers et variés, l’importance de bien dissocier certains aliments incompatibles entre eux d’après Shelton, et la mémoire de l’eau à toutes les sauces. On y apprend aussi les bienfaits de l’hydrothérapie du côlon, de la médecine quantique, des Fleurs de Bach et de la gemmothérapie, mais aussi, bien évidemment, les méfaits attribués aux ondes et aux vaccins.
Et je ne vais pas vous faire languir en vue d’éventuelles vidéos ou articles à venir sur les sujets que je viens d’évoquer : tout ça, c’est du bullshit. Tout cela n’a aucun fondement, pas l’ombre de la preuve d’un quelconque intérêt en terme de santé. Hormis effet contextuel bien sûr… Et pourtant, ce sont les enseignements sur la base desquels la fédération française de naturopathie souhaite faire reconnaître la discipline… »
Bon, je pense que vous l’aurez compris avec cet extrait : ce n’est pas en se dirigeant vers une formation agrée par la Féna que l’on évite les procédés et remèdes insuffisamment éprouvés ou illusoires… donc le charlatanisme. En fait, pour éviter les charlatans, le conseil le plus simple à donner, ça serait d’éviter les naturopathes, tout simplement !