Je voudrais revenir ici sur un autre ouvrage que j’ai acheté sur le stand des éditions Book-e-Book aux Rencontres de l’Esprit Critique. Cette fois-ci, il n’est pas question de conscience animale, mais de pseudo-médecines… Le livre est intitulé « Les médecines non conventionnelles ou les raisons d’une croyance ». Je ne connaissais pas du tout son auteur, Jean Brissonnet, qui est pourtant un incontournable contributeur à la zététique francophone.
Je vous le dis d’avance : je trouve ce petit ouvrage formidable. En 60 pages seulement, l’essentiel y est. L’auteur ne se concentre pas sur une discipline en particulier, et c’est bien là la force de cet ouvrage car sont évoqués plusieurs aspects communs à la diversité des pratiques qui entrent dans la catégorie des pseudo-médecines.
A commencer par les sophismes, erreurs de raisonnements et attitudes psychologiques qui sont le plus souvent aux origines des croyances dans les pseudo-médecines. Dans ce chapitre, il s’agit de comprendre la logique qui amène à croire, et donc de considérer les adeptes de ces croyances comme des êtres de raison, et non pas comme les idiots qui sont dépeints par certaines personnes condescendantes… Comprendre les mécanismes de ces croyances me semble être un bon point de départ pour apprendre à faire preuve soi-même de rationalité, mais aussi pour apprendre à questionner intelligemment les raisonnements des personnes adeptes des pseudo-médecines. Il me semble que c’est un préalable indispensable pour des échanges constructifs.
Un autre chapitre développe certains des aspects du rejet de la médecine conventionnelle : notamment le refus de la technicité, la crainte des effets secondaires et certains dysfonctionnements de la médecine moderne. Ce n’est, certes, pas exhaustif, mais ce chapitre reprend les points les plus marquants à ce sujet, et il me semble que ce sont des éléments à garder en tête lorsque l’on évoque les pseudo-médecines. A noter cependant que le paragraphe dédié à l’absence formation continue obligatoire pour les médecins est obsolète, puisque celle-ci a été mise en place l’année de la parution du livre, en 2009, puis mise à jour par une loi de 2016.
Un autre chapitre est dédié au placebo et aux effets contextuels. De manière succincte toujours, mais le chapitre reste extrêmement pertinent et incontournable lorsqu’il s’agit de parler des effets des pseudo-médecines. L’auteur rappelle également de manière très insistante que les pseudo-médecines font aussi pas mal d’adeptes parmi les professionnel-le-s de santé (médecins et autres), et qu’il faut tout autant s’en méfier, peut-être même plus de part l’effet « blouse blanche »… Ce n’est d’ailleurs pas sans lien avec l’évocation du rêve de « médecine intégrative » porté par la plupart des adeptes des pseudo-médecines.
Pour faire bref, j’ai trouvé cet ouvrage particulièrement bien construit et d’une densité impressionnante malgré sa petite taille et la facilité à le lire. C’est typiquement le genre de livre que je voudrais pouvoir offrir à chaque personne qui a dans son entourage des adeptes de pseudo-médecines et qui voudrait mieux les comprendre ou améliorer leurs échanges. C’est aussi le genre de livre que je me verrai bien offrir à une personne qui commence à poser un regard critique sur les pseudo-médecines. Ça me semble être une excellente entrée en matière ! Et si on y était pas privé-e-s de lectures pour cause de pandémie, j’imagine que ce petit ouvrage serait aussi à sa place dans toutes les salles d’attente des professionnel-le-s de santé.
Si cette revue de lecture vous a donné envie de lire ce livre ou de l’offrir, je vous glisse ci-dessous le lien où vous pouvez le trouver !
« Les médecines non conventionnelles ou les raisons d’une croyance » par Jean Brissonnet, 2009 :
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