Dans ce contexte de pandémie, nous lisons et voyons beaucoup de contenus abordant les difficultés du confinement, les avancées en terme de traitement, les enjeux (géo)politiques et sociaux de cette crise sanitaire. Mais cette crise est beaucoup plus rarement abordée de manière radicale, c’est à dire en questionnant ses origines. Or, connaître les origines de cette crise est d’une importance capitale. Cela permet de se donner les moyens de mieux en venir à bout et surtout d’empêcher que cela se produise à nouveau.
En la matière, il nous faut remonter dans le temps. Car tout a commencé dès le Néolithique (il y a environ 12 000 ans). La sédentarisation et les débuts de l’élevage ont alors provoqué la transmission à l’humain.e de pathogènes initialement présents uniquement chez les animaux sauvages (variole, diphtérie, rougeole, grippe, coqueluche, lèpre, rhume commun…). Mais aujourd’hui cela prend une ampleur toute autre avec ce que l’on nomme les maladies émergentes. En effet, nous (humain.e.s) n’avons eu de cesse de détruire les écosystèmes (déboisement des forêts au profit de monocultures intensives, urbanisation, pollution liées au transport et à l’industrialisation de nos modes de vies…), ce qui a eu pour conséquence de détruire les habitats des animaux sauvages, tout en portant atteinte à la biodiversité. En parallèle de quoi, nous avons intensifié nos pratiques d’élevage, tout en tuant également des animaux sauvages pour les manger ou à des fins de médecine « traditionnelle ». Créant ainsi les circonstances parfaites pour que des pathogènes à la base spécifiques aux animaux gagnent en efficacité de part le confinement et la promiscuité induit.e.s par l’élevage et se transmettent aux humain.e.s par un premier contact (souvent alimentaire), permettant aux pathogènes de muter de manière tout à fait opportuniste et de se transmettre ensuite entre humain.e.s. C’est ainsi que nous avons déjà subi les infections majeures que sont entre autres le SIDA et Ebola (viande de singe sauvage), la maladie de la vache folle (viande de bœuf d’élevage), le virus Zika, la dengue ou le chinkungunya (destruction de l’habitat forestier de l’espèce de moustique concernée, qui n’a alors eu d’autre choix que de côtoyer les humain.e.s), la grippe aviaire (contact avec des volailles d’élevage ou sauvages), la grippe porcine (viande de porc d’élevage), le SRAS (viande de civette), etc… Le Covid 19 serait quant à lui initialement parvenu à infecter les humain.e.s par la consommation initiale de viande de pangolin ou de chauve-souris infectées. Les origines de la propagation de ce virus relèvent donc plus de nos choix de consommation et des conséquences de nos choix politiques (capitalisme, industrialisation, productivisme et mondialisation) que de causes strictement sanitaires.
Un rapport publié en octobre 2020 par des experts de la biodiversité (voir lien ci-dessous) précise que « sans des stratégies de prévention, les pandémies vont émerger plus souvent, se répandre plus rapidement, tuer plus de gens et avoir des impacts dévastateurs sans précédent sur l’économie mondiale ».
Il est à noter que les virus, quel que soit l’environnement dans lequel ils évoluent, ciblent de préférence les espèces ayant une attitude dominante et consommant les ressources de manière excessive. Ceux-ci interviennent donc afin de rétablir un équilibre rompu. Or, nous autres humain.e.s sommes un de maillons de ce système à l’équilibre rompu, et ne devons pas espérer échapper à son effondrement. Nous sommes à la fois responsables de nos actes et dépendants de leurs conséquences. Il est grand temps d’apprendre de nos erreurs, de remettre en cause notre positionnement à l’égard du vivant dans son ensemble (humain.e.s, animaux, végétaux) et d’adopter enfin des comportements responsables permettant d’enrayer cette folle spirale faite de crises et d’effondrements dont la violence et la fréquence s’accroissent.
Car comment encore prétendre dans ce contexte que la consommation de viande est un choix personnel, alors que cela induit la mort de milliards d’animaux, mais aussi l’avènement de pandémies qui tuent de plus en plus d’humain.e.s ? Combien d’autres doivent mourir ou souffrir, combien d’autres virus doivent se transmettre à l’humain.e pour que nous prenions en considération l’impact de nos choix de vie et de consommation « personnels » sur les autres êtres vivants et les écosystèmes ? Le confinement crée un étrange sentiment d’unité, nous nous sentons isolé.e.s mais interconnecté.e.s. Surement une belle occasion d’étendre ce sentiment de connexion à un système plus large dont nous sommes aussi dépendant.e.s…
Pour creuser tous ces aspects là :
https://www.facebook.com/tricoire.naturopathie/photos/a.468554556688122/1215677575309146/
Rapport de l’Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES) d’octobre 2020 : https://ipbes.net/pandemics
Rapport conjoint de WHO/FAO/OIE sur les maladies émergentes zoonotiques (2004) : https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/68899/WHO_CDS_CPE_ZFK_2004.9.pdf
Mais surtout une vidéo : « Pandémies : historique & prévention »