Végétarisme : nouvelles recommandations danoises pour la grossesse et l’allaitement

La « société danoise d’obstétrique et de gynécologie » (DSOG – Dansk Selskab for Obstetrik og Gynækologi) a tout récemment publié ses recommandations pour les personnes enceintes et allaitantes ayant une alimentation végétarienne ou végétalienne.1

Pour résumer de manière très brève : les auteurices de ces recommandations indiquent que « les alimentations végétariennes et végétalienne variées et équilibrées sont saines et adaptées aux périodes de grossesse et d’allaitement, à la condition de prendre convenablement des compléments de folates, vitamine B12 et vitamine D. » Iels attirent cependant l’attention sur le calcium, le fer et les protéines, qui constituent des points de vigilance et pour lesquels il est important de prévoir des apports nutritionnels adaptés.

Leurs conclusions sont par ailleurs rassurantes :

– Il n’y aucune donnée permettant de craindre un risque de malformation plus élevé chez les enfants né·es d’une personne végétarienne ou végétalienne pendant la grossesse.

– Il y a un possible risque de donner naissance à un enfant de corpulence plus petite, mais les études qui portent sur ce sujet sont contradictoires et de faible qualité.

– Les alimentations végétarienne et végétalienne diminuent le risque de prise excessive de poids pendant la grossesse et le risque de diabète gestationnel.

– Si les compléments recommandés sont correctement pris, il n’y a pas de différence de qualité nutritionnelle entre le lait produit par les personnes végéta*iennes et celui produit par les personnes ayant une alimentation carnée.

– Il n’est pas recommandé de prévoir des bilans sanguins systématiques pour surveiller spécifiquement les personnes concernées, à moins d’être en présence d’une complémentation insuffisante ou de symptômes suggérant une carence.

Les auteurices indiquent qu’iels n’ont trouvé aucune donnée probante permettant de conseiller une complémentation en DHA chez les personnes enceintes ou allaitantes végéta*iennes. Plusieurs autres professionnel·les de santé recommandent cependant une telle complémentation par principe de précaution, particulièrement lorsque les apports alimentaires en ALA ne sont pas optimaux. C’est notamment le cas du conseil scientifique de l’ONAV dans sa position publiée en 2023.

Pour une raison que j’ignore, les auteurices n’ont pas questionné la nécessité d’une complémentation en iode, pourtant recommandée dans de nombreux autres pays. Peut-être en raison du fait que l’enrichissement du sel est obligatoire et plus conséquent au Danemark qu’ailleurs ?2 Je ne sais pas, mais j’aurais apprécié que le choix de ne pas s’inquiéter de ce nutriment soit explicité dans les recommandations… Car les personnes qui ne consomment pas de produits de la mer, d’œufs ou de produits laitiers restent à risque de déficit, et ce malgré la fortification du sel.

En bref, mener sereinement une grossesse ou allaiter en ayant une alimentation végétalisée, c’est possible. Ce ne sont cependant pas des périodes sans risque pour son enfant, au regard des conséquences que cela peut avoir sur sa croissance – que l’on ait une alimentation végéta*ienne ou pas d’ailleurs ! Alors, au vue du manque d’informations fiables concernant l’équilibre des alimentations végétales, en cas de questionnement, le plus sûr reste de consulter un·e médecin et/ou diététicien·ne formé·e aux spécificités des alimentations végétales, pour s’assurer d’avoir une alimentation équilibrée et de recourir aux compléments adaptés à sa situation individuelle.


1 DSOG Guideline Bulletin: Vegetarian and vegan diets during pregnancy. (2024). Danish Journal of Obstetrics and Gynaecology, 2(1), 51-61. https://www.researchgate.net/publication/379060942_DSOG_Guideline_Bulletin_Vegetarian_and_vegan_diets_during_pregnancy

2 À savoir 20 mg d’iode par kg de sel au Danemark depuis 2019, obligatoire pour le sel de table et les produits de boulangerie. Alors que l’enrichissement n’est que facultatif en France, qu’il est interdit pour les industries agro-alimentaires et qu’il est de « seulement » 15 à 20 mg d’iode par kg de sel.