Diététique wok·e : vers plus d’inclusivité

Je ne sais pas si vous l’avais vu passer, mais l’autre jour j’ai publié un article où je partage des pistes de réflexions pour accompagner autrement nos patients et patientes grosses en tant que professionnel.le de la diététique, en prenant en considération nos comportements et préjugés grossophobes.

Hé bien cet article et la vidéo associée ont globalement été bien accueillis, notamment par les professionnel.les de santé qui sont formé.es à la dimension éthique et comportementale de la prise en charge diététique des personnes en surpoids ou obèses, mais aussi par les personnes concernées. Et ça tombe bien, parce que c’est uniquement dans leur intérêt que je produis ce genre de contenu.

Par contre, ça n’a bien évidemment pas fait l’unanimité auprès des professionnel.les de la diététique. Je m’y attendais un peu, comme à chaque fois que je pointe du doigt les rouages d’une oppression systémique…

Mais à vrai dire, je n’ai lu qu’un seul commentaire négatif qui provenait d’un diététicien sur les réseaux sociaux. Un commentaire dans lequel il s’indignait parce que j’aurais invisibilisé les hommes en n’évoquant pas leurs problèmes d’érection. Oui, vous avez bien lu. Je ne sais pas si vous réalisez la gravité du truc. Dans une vidéo de 15 minutes dédiée à la prise en charge diététique des personnes grosses, j’ai honteusement invisibilisé les hommes en ne parlant pas de leurs bites (et j’ai du mal à l’écrire sans rire…) Je trouve ça fascinant cette fragilité masculine… et cette propension viriliste qu’ont les hommes à tout ramener à leurs organes génitaux, quel que soit le contexte ! (à ce sujet, si vous ne la connaissez pas encore, ne manquez pas la merveilleuse chanson « Tu as une bite » de Giedré : une pépite féministe !)

Bref, j’ai reçu pas mal d’autres notifications après ce commentaire, mais comme j’ai des choses infiniment plus intéressantes à faire que de lire le ouin-ouin des professionnel.les de santé pétés de privilèges qui sont pas foutus de remettre en question leurs comportements dans l’intérêt de leur patientèle, ben j’ai pas été les lire. Et c’est dommage, parce que dans le lot il y avait peut-être des critiques constructives qui auraient pu alimenter des réflexions intéressantes à ce sujet. Mais bon, en même temps, s’il y a des gens qui veulent porter à ma connaissance des critiques constructives, la section « commentaires » de la vidéo est ouverte. Je demande juste à ce que ça soit fait de manière non paternaliste, non oppressive, non viriliste, et sans tone policing bien sûr. Oui j’en demande beaucoup, mais on est pas sur Cnews ici !

Ah oui, à ce sujet, il paraît que je suis pas sympa avec les diet, que je manque de bienveillance. Alors, comment dire ?… En fait, j’ai pas à ménager les égos fragiles et les susceptibilités des professionnel.les de santé qui alimentent des préjugés grossophobes et autres comportements oppressifs qui nuisent à notre patientèle. La grossophobie tue littéralement des gens, tout comme le sexisme, la transphobie, le racisme, le classisme etc. Donc non, je vais pas en parler en chantonnant gaiement et je vais pas chercher à rendre la chose plus confortable pour les oppresseurs.

Alors attention, je dis ça mais je m’inclus bien évidemment dedans hein. On m’est régulièrement rentré dedans pour avoir tenu des propos grossophobes, racistes , putophobes, voire même sexistes. Et c’est carrément le bienvenu en fait ! On a pas à attendre des personnes qui dénoncent des oppressions qu’elles le fassent en douceur, en nous ménageant pour ne pas nous brusquer. Il y a des vies en jeu en fait, on ne parle pas de la couleur du papier peint là…

Bref, ce genre de réaction m’a fait réaliser qu’il y avait un vrai besoin de parler de ces sujets là au sein de notre profession. Surtout que les professionnel.les de santé sont dans une posture d’autorité, et à mon sens iels doivent donc veiller plus qui quiconque à ne pas alimenter de discriminations et comportements oppressifs.

Du coup je voulais vous annoncer que, dans les mois à venir, je mettrai en ligne plusieurs articles et vidéos associées qui s’inscriront dans la continuité de ceux sur la grossophobie, pour questionner notamment les travers sexistes, racistes, transphobes, classistes, islamophobes et validistes observés dans notre profession comme partout ailleurs. Toujours dans l’intérêt de notre patientèle, et sans ménagement pour les plus réactionnaires des collègues.

J’espère que ça questionnera les moins fragiles d’entre nous (moi y compris) et que ça permettra de faire évoluer certaines pratiques vers plus d’inclusivité.

De manière pas tout à fait comparable (puisqu’il ne s’agit pas d’une oppression systémique), nous parlerons aussi de végéphobie. Alors j’annonce tout de suite que le terme ne me convient pas du tout… mais faut de mieux on fera avec.

Alors, vous verrez que ces articles et vidéos ne vont pas se concentrer uniquement sur la dimension nutritionnelle et diététique. On va aussi beaucoup évoquer le contexte de prise en charge, la façon d’adapter sa communication et de poser un cadre thérapeutique inclusif.

Je n’ai pas prévu de planning pour publier ces contenus, je ne peux donc pas annoncer de dates pour leurs sorties. Ça se fera au compte goutte, selon mes disponibilités et les cuillères dont je dispose pour mener ce travail.

Et si vous souhaitez contribuer à cette série d’articles et vidéos, c’est possible ! Si vous êtes concerné.e et que vous avez envie de partager avec moi votre vécu, vos ressentis, vos attentes vis à vis des professionnel.les de santé, ou si vous avez une certaine connaissance des mécanismes d’oppression et de discrimination évoqués et que vous souhaitez partager avec moi des pistes de réflexion pour améliorer la prise en charge diététique des personnes concernées… contactez moi !


Avant de vous laisser, je voulais dire un mot sur le titre de cet article !

Bon, c’est surtout pour la blague hein, parce que clairement, « woke » ça ne veut rien dire ! Il n’y a que les réactionnaires un peu fragiles (pléonasme…) qui y trouvent du sens, en faisant rentrer là-dedans un peu tout ce qui les dérange et qui les empêche de jouir sereinement de leurs privilèges sociaux.

Et aussi c’était l’occasion de placer ce jeu de mot pourri entre wok et woke (merci HD !) en glissant un petit point médian dont je sais qu’il va provoquer quelques crises de larmes de seum chez les plus mascu des personnes qui passent par là. Et ça, c’est clairement un plaisir que je n’ai pas su me refuser ^^’

Bref, planquez vos tontons réac, parce que les articles et vidéos suivantes de cette série risquent bien de leur faire un effet qui contraste « légèrement » avec celui que leur procure leur lecture hebdomadaire de « Valeurs actuelles »… 😉