Des personnes végétariennes ou végétaliennes, il y en a de plus en plus… Mais des personnes qui ne le sont plus… il y en a plein aussi. Pour ce qui me concerne, j’ai très régulièrement en consultation diététique des patient.es qui me disent avoir été végétariennes ou végétaliennes, mais qui remangent de la viande et d’autres produits d’origine animale pour tout un tas de raisons différentes. Pourtant, ces personnes me semblent toutes partager des motivations assez fortes, dont on pourrait imaginer qu’elles seraient suffisantes pour tenir une telle alimentation dans la durée. Sauf que dans la pratique… parfois pas. Alors je me suis interrogé.e à ce sujet et j’ai enquêté !
Mais avant de vous faire part de mes trouvailles, je précise que si vous avez envie d’aller à l’essentiel, n’hésitez pas à sauter mon blabla préalable pour aller directement à la deuxième partie de cet article, dans laquelle je propose une synthèse en quatre points-clés, avec pas mal de conseils pratiques pour aider les personnes qui le souhaitent à devenir ou rester durablement végétariennes ou végétaliennes.
Bon, si vous êtes encore là, c’est sûrement parce que ça vous intéresse de rentrer dans le détail avec moi. Alors c’est parti pour quelques recherches sur ce qui nous interroge aujourd’hui ! J’ai commencé à creuser le sujet en lisant le rapport de l’enquête IFOP pour France Agrimer publié en 2020, dans lequel il s’avère qu’on a un début de réponse, puisque, parmi les questions posées dans cette enquête sur les personnes végétariennes et flexitariennes qui vivent en France, il y en avait qui portaient justement sur les raisons qui ont conduit certaines personnes à abandonner le végétarisme ou le végétalisme. Parmi les personnes concernées, la principale raison invoquée, c’était les « difficultés à partager leurs repas avec leur entourage n’ayant pas le même type de régime alimentaire ». En bref, un manque de convivialité et une distance qui s’installe vis à vis de ses proches. La deuxième raison invoquée, ce sont des problèmes de santé. Mais malheureusement, le questionnaire ne permet pas de savoir lesquels ni de déterminer la réalité ou la gravité de ces problèmes de santé… Et en troisième position, on trouve invoquées des difficultés d’organisation pour cuisiner et faire les courses, ainsi que des difficultés pour manger à l’extérieur, au restaurant notamment.
Un truc intéressant à noter, c’est que ces raisons n’ont absolument rien à voir avec les raisons invoquées par les personnes qui mangent de la viande lorsqu’on leur demande pourquoi elles ne sont pas végétariennes. Personnellement je m’attendais à ce que ce soit un peu comparable, mais en fait, pas du tout ! Les personnes ayant une alimentation carnée répondent massivement que si elles ne sont pas végétariennes, c’est simplement parce qu’elles aiment beaucoup trop la viande et le poisson pour s’en passer…
Bref, pour revenir au sujet principal, à savoir l’abandon du végétarisme et du végétalisme, je dois avouer que l’enquête FranceAgrimer ne me satisfait pas vraiment. Déjà parce que l’échantillon des personnes anciennement végétariennes ou végétaliennes est très petit, mais aussi parce que le questionnaire de l’institut de sondage me semble pas mal foireux par moment… comme tous les sondages en fait ^^
Mais du coup, c’est un bon prétexte pour aller se plonger dans la littérature scientifique et voir ce que les chercheurs et chercheuses ont à nous dire au sujet des personnes qui choisissent de remanger de la viande, du poisson ou d’autres aliments d’origine animale ! Et ça tombe bien, parce qu’il y a quelques études sympathiques à ce sujet dont j’aimerais partager les conclusions avec vous, parce que les chercheurs et chercheuses ont identifié plusieurs facteurs clés jouant un rôle dans le maintien du choix d’une alimentation végétarienne ou végétalienne. Si vous voulez aller lire les études auxquelles je me réfère, je mets comme toujours toutes les ressources en notes de bas de page. Mais en attendant, je vais vous en livrer ici un résumé en sept points.
1. Motivations éthiques VS motivations de santé ou environnementales
Le premier point concerne les motivations. Et sans surprise, les motivations à l’origine de ce choix ont un impact majeur sur l’adhésion à une alimentation végétalisée. Les motivations écologistes et animalistes sont comparables en ce qu’elles sont impliquées dans une dynamique pro-sociale, voire morale, à l’inverse des motivations de santé, qui sont, elles, personnelles et centrées sur soi. Cependant, les personnes qui végétalisent leur alimentation pour des raisons de santé ou des motifs écologistes sont globalement moins dégoûtées par la viande que celles qui le font pour des considérations animalistes. Elles ont donc tendance à plus facilement abandonner le végétarisme ou faire des entorses à leur régime.
Il ressort aussi des études menées à ce sujet qu’en comparaison avec des personnes motivées par la santé, les personnes qui choisissent de végétaliser leur alimentation pour des raisons éthiques adhérent plus longtemps au régime choisi. D’ailleurs les personnes qui restent végétariennes cumulent souvent plusieurs facteurs de motivation, en plus du bien-être animal : elles sont globalement aussi intéressées par l’impact de leur alimentation sur l’émission de gaz à effet de serre, sur l’eau nécessaire pour produire leurs aliments, sur les effets de leur choix alimentaires sur leur santé etc.
Et puis, les personnes qui parviennent à maintenir une alimentation végétale sont généralement convaincues que leurs choix alimentaires ont un impact positif sur la condition animale, la protection de l’environnement et les valeurs politiques qu’elles défendent. Cela aide sans aucun doute à persévérer dans leurs choix alimentaires.
2. Un régime alimentaire qui fait partie de son identité
Un autre facteur important mentionné dans les études scientifiques, c’est le fait de considérer son régime alimentaire comme faisant partie intégrante de son identité sociale, voire politique : cela semble être un point commun aux personnes qui parviennent à rester végétariennes ou végétaliennes dans le temps. Et c’est assez logique, puisque c’est moins coûteux d’abandonner le végétarisme ou le végétalisme si on ne considère pas que cela est important au point d’être une composante de son identité.
A noter à ce sujet que, les personnes qui sont végétariennes ou végétaliennes pour des raisons éthiques ont tendance à s’identifier plus fortement à leur régime alimentaire que celles qui le sont pour des raisons de santé. Ce qui peut aussi contribuer à expliquer pourquoi elles adhérent généralement plus longtemps à ce type d’alimentation.
En bref, s’identifier socialement comme végétarien.ne, végétalien.ne ou végane, ça aide à maintenir une alimentation végétarienne ou végétalienne, puisque faire des écarts reviendrait alors à trahir sa propre identité.
3. L’importance du soutien et de l’approbation sociale
Au delà de la dimension identitaire, les chercheurs et chercheuses qui ont travaillé sur ce sujet mettent également en avant l’importance du soutien et de l’approbation sociale. Le manque de soutien émotionnel et pratique que peuvent ressentir les personnes qui souhaitent végétaliser leur alimentation de manière isolée peut en partie expliquer pourquoi elles ne parviennent pas à passer au végétarisme ou pourquoi elles finissent par remanger des produits d’origine animale.
C’est notamment le cas de certaines personnes qui ne bénéficient pas du soutien de leurs proches non impliqué.es dans une démarche de végétalisation de l’alimentation. L’acceptation sociale de la transition alimentaire vers le végétarisme ou le végétalisme est en effet un facteur clé de son maintien sur la durée.
A ce titre, le fait d’être membre d’un groupe de personnes végétariennes, végétaliennes ou véganes par exemple (que ce soit un groupe d’ami.es, de personnes militantes ou un groupe sur les réseaux sociaux…) semble aider à transitionner vers une alimentation plus végétale et à maintenir une telle alimentation, tout en contribuant à un sentiment d’appartenance identitaire. Le soutien social que l’on peut obtenir dans un tel groupe facilite l’accès à une nouvelle façon de manger en permettant de partager des astuces pour surmonter d’éventuelles difficultés de préparation en cuisine ou d’approvisionnement, mais aussi pour surmonter le manque d’imagination pour composer des repas ou bien encore des fringales de produits d’origine animale. Au sein d’un tel groupe, on peut aussi échanger des conseils pour communiquer avec des proches qui questionneraient voire jugeraient ces choix alimentaires, pour obtenir du réconfort lorsque l’on se sent seul.e face à l’ampleur de la souffrance animale, ou bien encore pour développer ses connaissances éthiques et politiques et ainsi affirmer ses choix alimentaires.
4. Transition alimentaire abrupte VS progressive
Autre point clé : la vitesse à laquelle on opère la transition vers une alimentation plus végétale. Plusieurs études suggèrent en effet qu’une transition alimentaire abrupte est défavorable au maintien dans le temps d’un régime végétalisé. Le fait de réduire progressivement sa consommation de viande, poisson et produits d’origine animale semble rendre la transition plus facile et durable, notamment car ce choix alimentaire s’inscrit à contre-courant de la culture dominante et nécessite donc de nombreuses adaptations.
Procéder étape par étape permet de surmonter une à une les difficultés pour adapter ses recettes favorites, repenser l’équilibre de ses repas, changer de rayon pour faire ses courses, découvrir de nouvelles saveurs en goûtant de nouveaux aliments, tester de nouveaux restaurants près de chez soi… en bref, pour remplacer ses anciennes habitudes alimentaires par des nouvelles.
Autrement dit, adopter des changements alimentaires graduels vers une alimentation plus végétale permettrait de rendre ces changements plus stables et pérennes que de procéder de manière précipitée.
5. (In)disponibilité des alternatives végétales
Un autre facteur souvent impliqué dans l’abandon du végétarisme ou du végétalisme, c’est la difficulté à trouver des alternatives végétales satisfaisantes dans les commerces ou restaurants. Bien que de moins en moins forte avec le développement rapide des alternatives végétales, cette barrière amène certaines personnes à faire preuve de souplesse dans leurs choix alimentaires, en visant des objectifs moins restrictifs mais perçus comme plus réalisables (par exemple avoir une alimentation végétalienne à la maison, et végétarienne à l’extérieur). Pour d’autres personnes, cela peut les conduire à complètement abandonner la végétalisation de leur alimentation : partisanes de la loi du « tout ou rien », ces personnes préfèrent finalement manger de la viande plusieurs fois par semaine, faute de parvenir à maintenir dans le temps une alimentation strictement végétale…
Pour empêcher ce désengagement face aux difficultés d’approvisionnement et de consommation, le fait d’adopter une alimentation plus végétale de manière graduelle peut là encore aider à surmonter les barrières une à une, en mettant en place des stratégies d’adaptation progressivement, ce qui peut limiter les abandons en cours de démarche.
6. Facteurs psychologiques
Quelques études pointent aussi du doigt des facteurs psychologiques intéressants, à savoir que les personnes qui parviennent à rester végétariennes ou végétaliennes attacheraient plus d’importance que les autres au fait d’agir en accord avec leurs valeurs, qu’elles auraient des aptitudes d’auto-régulation plus marquées et qu’elles auraient plus confiance en leur démarche dans le choix de leur régime alimentaire que celles qui adoptent d’autres régimes.
7. Effets sur la santé
Enfin, de manière extrêmement anecdotique, certaines études (à vrai dire je n’en ai trouvé que deux) mentionnent le retour à la consommation de produits d’origine animale en raison des effets sur la santé des régimes végétalisés. Que ce soit en raison des symptômes d’une carence avérée (en vitamine B12 par exemple), ou en raison d’une crainte infondée de carence (en protéines ou en fer notamment). A ce sujet, il me faut préciser qu’une alimentation végétarienne ou végétalienne équilibrée et correctement supplémentée n’expose pas à un risque majoré de problèmes de santé. En la matière, il convient donc de prendre conseil auprès d’un.e diététicien.ne formé.e aux spécificités des alimentations végétales pour équilibrer au mieux son alimentation et prévenir les carences qui peuvent aisément être évitées… Mais à ce sujet, je vous en dirai plus dans la seconde partie de cet article !
Et ça tombe bien, puisque nous y sommes enfin, dans la deuxième partie de cet article !
Après avoir lu toutes ces études et pris le temps de cogiter à ce sujet, j’ai dégagé ce qui me semble être les 4 conseils clés à donner à une personne qui voudrait adopter durablement une alimentation végétarienne ou végétalienne. Je vais donc articuler la suite de mon propos autour de 4 recommandations principales. Je vais mentionner tout un tas de ressources que je pense utiles dans cette démarche, et que je vous invite à découvrir en suivant les liens cliquables si ça vous intéresse pour vous-même, ou pour faire suivre à des personnes qui peinent à arrêter de consommer de la viande ou à rester végétariennes.
1. Se décentrer de soi-même, s’intéresser aux animaux non-humains, premiers bénéficiaires de la démarche qui consiste à végétaliser son assiette !
Mon premier conseil, consiste à vous encourager à apprendre à mieux connaître les animaux non-humains exploités pour produire de la viande ou d’autres aliments d’origine animale. S’intéresser de plus près à leur vie sociale, leur intelligence, leurs cultures, leurs aptitudes à interagir et à communiquer entre eux ou avec nous, leurs aptitudes à ressentir des émotions positives ou de la souffrance (physique comme psychologique) permet de progressivement développer notre empathie à leur égard.
Percevoir les vaches, cochons, poissons, poules, chevaux, crevettes, canards, lapins, crabes, moutons et autres animaux exploités pour nous nourrir comme les individus qu’ils sont, et non plus comme une bloc uniforme sous couvert d’espèce, c’est aussi une étape importante pour les considérer moralement et cesser de les consommer.
Dans cette logique, s’exposer à la réalité des souffrances induites par les conditions d’exploitation permet de développer une posture plus affirmée dans le choix de ne plus cautionner en consommant les aliments produits dans le cadre de cette exploitation. S’informer sur les conditions d’élevage, de reproduction, de transport et d’abattage, ça aide donc à maintenir dans le temps une alimentation végétalisée.
Il existe énormément de ressources pour mieux connaître tous ces individus, mais je me permets d’en recommander quelques unes que je trouve vraiment bien faites, notamment l’ouvrage « Les cerveaux de la ferme » par Layla Benabid et Sébastien Moro, ainsi que l’ouvrage « Les paupières des poissons », par Fanny Vaucher et Sébastien Moro. Ce dernier vulgarise aussi tout un tas d’infos passionnantes sur les animaux non-humains dans des conférences données à droite à gauche, et sur sa chaîne YouTube « Cervelle d’oiseau ». Et pour s’informer sur les conditions d’exploitation, il y a par exemple les fiches synthétiques mises en ligne par L214.
2. Développer ses connaissances en éthique animale et repolitiser le choix d’une alimentation plus végétale !
Mon second conseil, c’est de vous encourager à développer les motivations éthiques et politiques derrière le choix d’adopter une alimentation plus végétale, puisque ce sont celles qui permettent de maintenir le plus durablement ce choix. Pour ce faire, il est important de repolitiser ce choix en l’inscrivant dans une démarche progressiste de lutte contre le suprémacisme humain. Il est donc primordial de se renseigner à la fois sur le concept de sentience et ses implications en termes de philosophie éthique (notamment le sentientisme), mais aussi sur les mécanismes de domination et de discrimination à l’œuvre dans l’idéologie spéciste… et leur corollaire : l’antispécisme.
Il existe de nombreuses ressources qualitatives à ce sujet, dont je vous propose quelques unes de mes préférées. A commencer par l’excellent (bien que très court) ouvrage « L’antispécisme » par Valérie Giroux, le génialissime podcast sur le spécisme « Comme un poisson dans l’eau », mais aussi les capsules audio percutantes et pertinentes de la chaîne « Réplique Éthique », les fiches info synthétiques de Florence Dellerie (sur son site « Questions animalistes »), ainsi que les incontournables replays des estivales de la question animale et les innombrables articles des revues « L’amorce » et « Les cahiers antispécistes ».
Pour ce qui est de la philosophie morale, il y a de très chouettes vidéos à ce sujet sur les chaînes de Monsieur Phi et de Yohann Hoarau. Et concernant plus spécifiquement la sentience et le sentientisme, je renvoie volontiers vers toutes les interventions de Victor Duran le Peuch (en particulier celle-ci), qui vulgarise de manière extrêmement claire à ce sujet. Et plus globalement je conseille aussi le site sentience.pm, qui regorge de ressources sur la sentience et le sentientisme.
D’ailleurs, quitte à parler d’idéologie politique, je suis tombé.e sur des publications scientifiques intéressantes dans lesquelles des chercheurs ont montré que plus une personne est située à droite de l’échiquier politique, plus elle consomme de produits d’origine animale, et plus elle risque de remanger de la viande un jour si elle tente d’adopter une alimentation végétarienne ou végétalienne. Ceci s’explique notamment par le fait que les personnes les plus conservatrices accordent globalement moins d’intérêt aux considérations de justice sociale (y compris dans la démarche de végétalisation de leur alimentation), et qu’elles bénéficient de moins de soutien de leurs proches, plus souvent opposé.es aux régimes végétalisés… Bref, je dis ça, je dis rien… mais ça fait quand même beaucoup écho avec l’étude dont j’avais parlé il y a quelques mois et qui, comme d’autres, faisait un lien évident entre idéologies politiques de droite et anti-véganisme…
3. S’entourer de personnes végétariennes, végétaliennes, véganes !
Mon troisième conseil consiste à vous encourager à vous entourer de plus de personnes végétariennes, végétaliennes et véganes. Que ce soit à travers des évènements associatifs, festifs ou militants, des groupes thématiques sur les réseaux sociaux, sur des sites de rencontres… l’idée c’est de pouvoir bénéficier d’une dynamique collective de solidarité et de soutien et de tisser des liens sociaux avec des personnes qui vivent des choses similaires. S’entourer de personnes végé, ça aide à se sentir moins isolé.e quand on souffre notamment de la distance qui s’instaure vis à vis de ses proches non concerné.es. C’est aussi une belle opportunité pour développer de nouvelles amitiés, échanger des astuces, s’informer sur les enjeux éthiques et politiques des alimentations végétales etc.
Le choix du végétarisme ou du végétalisme étant une posture très minoritaire, c’est clairement un soutien immense de s’entourer de personnes devant affronter les mêmes difficultés et avec qui on partage au moins une partie de nos valeurs éthiques.
Bref, regardez ce qui se fait autour de chez vous et n’hésitez pas à vous rapprocher d’une asso étudiante animaliste, d’un collectif activiste antispéciste, d’un pique-nique végétarien ou végétalien, d’une vegan place… mais aussi des nombreux groupes thématiques sur les réseaux sociaux !
4. Prendre soin de son équilibre nutritionnel (et prendre sa B12 !)
Bon, mon dernier conseil, il sort un peu du lot car il ne transparaît pas tant que ça dans les études que j’ai passées en revue… mais il me semble tout de même essentiel : je vous encourage vivement à développer quelques connaissances de base concernant l’équilibre nutritionnel végétarien ou végétalien. Parce que, contrairement aux idées reçues qui circulent encore largement (y compris chez de nombreux.ses professionnel.les de santé…), non, choisir d’être végétarien.ne ou végétalien.ne ne vous met pas en danger…à la condition d’avoir une alimentation équilibrée et de choisir les compléments alimentaires adaptés à vos besoins (la fameuse vitamine B12 notamment!).
Pour balayer quelques unes des idées reçues les plus coriaces, je vous renvoie notamment à l’article où j’abordais les croyances que je pense être les plus courantes au sujet des alimentations végétales, par exemple celles concernant l’association céréales/légumineuses, les dangers du soja et des aliments transformés et la complémentation en vitamine B12 chez les personnes végétariennes et flexitariennes.
Mais pour aller beaucoup plus loin, je vous recommande la lecture de l’ouvrage en deux tomes de Léa Lebrun et Fabien Badariotti : « La meilleure façon de manger végétal » et « La science de l’alimentation végétale ». A mon sens, c’est l’ouvrage francophone de référence à ce sujet : vous y trouverez presque toutes les informations théoriques et pratiques sur l’équilibre nutritionnel dans le cadre d’une alimentation végétarienne ou végétalienne.
Ceci étant, si vous avez des interrogations ou des inquiétudes concernant votre situation individuelle, ou bien concernant une situation particulière comme l’équilibre nutritionnel chez un enfant, une personne enceinte ou une personne atteinte de telle ou telle maladie, le mieux reste de consulter un.e professionnel.le de santé formé.e aux spécificités des alimentations végétales (car malheureusement, toustes les pro de santé ne sont pas au point à ce sujet, et certain.es disent encore des bêtises énormes…). Si vous cherchez par exemple un.e diététicien.ne pour vous aider à équilibrer vos repas dans le cadre d’une alimentation végétarienne ou végétalienne, pour vous aider à faire des changements progressifs, respectueux de vos besoins nutritionnels, de vos valeurs et de vos contraintes personnelles, pour répondre à vos questions, vous rassurer ou vous orienter vers les choix alimentaires les plus adaptés à votre situation individuelle, vous pouvez regarder sur le répertoire en ligne de l’ONAV (l’Observatoire National des Alimentations Végétales) si vous trouvez un.e diététicien.ne qui exerce près de chez vous ou qui exerce, comme moi, à distance !
Bon, vous vous en doutez, des conseils je pourrais encore en donner à la pelle… mais il a bien fallu que je fasse des choix pour que cet article reste digeste et pas trop long ! Alors j’espère que ces recommandations que je pense essentielles vous auront semblé utiles, et si c’est le cas, je vous invite à les partager largement autour de vous.
Sources :
Rapport « Végétariens et flexitariens en France en 2020 », enquête IFOP pour FranceAgriMer, 2021 : https://www.franceagrimer.fr/Actualite/Etablissement/2021/VEGETARIENS-ET-FLEXITARIENS-EN-FRANCE-EN-2020
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