La médecine est spéciste mais les médecines alternatives ne sont pas la solution

Si tu as un régime végétarien ou végétalien, il y a de grandes chances pour que tu aies déjà été fortement déçu⸱e par un ou une professionnel⸱le de santé. Entre le médecin qui met sur le compte que tu ne manges pas de viande absolument tous tes problèmes de santé, la pharmacienne qui veut te faire acheter des compléments pour des carences imaginaires, et même la diététicienne qui ne connaît rien aux alimentations végétales et qui du coup ne sait pas répondre à tes questions et ne sait pas te conseiller correctement… hé bien, il y a de quoi être déçu⸱e par les professionnel⸱les de santé, clairement !

Au final, beaucoup d’entre nous font le choix de ne plus parler de leur végétarisme ou de leur végétalisme à leurs médecins, histoire de ne plus être embêté⸱es. Ce sont des problématiques dont j’ai déjà parlé en long en large et en travers sur mon site. Malheureusement, le constat est le même dans toutes les études menées à ce sujet : les professionnel⸱les de santé ne sont globalement pas formé⸱es aux spécificités des alimentations végétales et, par ignorance, perpétuent des préjugés tenaces mais sans fondement, notamment en craignant des carences qui ne sont pourtant pas documentées ou bien en niant les bénéfices sur la santé des régimes végétalisés.

Cette ignorance, elle tient au fait que les régimes végétalisés sont encore trop peu adoptés dans notre société spéciste. On ne leur accorde que peu d’intérêt et surtout on en parle mal, dans le sens où on en dit tout et n’importe quoi, notamment car de nombreuses personnes sont encore persuadées qu’il faut manger des produits d’origine animale pour être en bonne santé. La médecine n’échappant pas aux biais du reste de la société dans laquelle elle s’intègre, elle est elle aussi tout ce qu’il y a de plus spéciste.

Ça transparaît dans les menus qu’on nous propose à l’hôpital (où il est encore extrêmement compliqué d’accéder à un menu végétalisé convenable), ça transparaît aussi dans la méconnaissance des professionnel⸱les de santé au sujet de l’équilibre alimentaire végétarien ou végétalien, dans les jugements que ces mêmes professionnel⸱les de santé émettent du fait de leur ignorance, dans la composition des médicaments qu’on nous prescrit, dans l’expérimentation animale à laquelle il est fait recours pour déterminer les effets des traitements mis sur le marché… Bref, quel que soit le bout par lequel on prend le problème, le constat est sans appel : la médecine est spéciste.

Et cela peut amener certain⸱es d’entre nous à développer une méfiance généralisée vis à vis du corps médical, à juste titre. Certain⸱es vont franchir une étape supplémentaire en confiant leur santé à d’autres personnes que des professionnel.les de santé, imaginant trouver un contexte plus satisfaisant vis à vis de leurs engagements antispécistes. Celles et ceux-là iront donc consulter plus facilement des naturopathes, des coachs en nutrition, ou autres praticien⸱nes de médecines alternatives. Avec l’espoir d’être moins jugé⸱es, mieux conseillé⸱es, plus respecté⸱es.

Et il est effectivement probable que cela puisse permettre des consultations où l’on est plus respecté⸱es et moins jugé⸱es, car il me semble que les praticien⸱nes de médecines alternatives sont plus ouvert⸱es aux régimes végétalisés et même au véganisme. Par contre, pour ce qui est d’être bien conseillé.es, c’est une autre histoire… Car ce ne sont pas des professionnel⸱les de santé justement. Leurs formations ne leur confèrent aucune des compétences nécessaires pour formuler des recommandations diététiques sérieuses, à l’inverse des diététicien⸱nes. Leurs formations en nutrition sont particulièrement superficielles et déconnectées des savoirs scientifiques. On leur apprend notamment à promouvoir des pratiques alimentaires dont certaines induisent des restrictions inutiles et dangereuses. Malgré leurs bonnes intentions et leurs promesses extraordinaires, il n’est pas rare que je doive passer derrière en consultation diététique pour corriger des conséquences parfois dramatiques telles que la dénutrition protéino-énergétique, des carences diverses en conséquence de restrictions alimentaires nombreuses et injustifiées, des troubles digestifs invalidants, des effets secondaires de compléments alimentaires inutiles, ou bien des attitudes orthorexiques.

Autrement dit, consulter en médecine alternative, c’est prendre le risque de se faire plus de mal que de bien, car il s’agit de personnes qui ne sont pas formées sérieusement ni en diététique ni dans aucun des autres aspects de la santé. Alors, même si ces personnes peuvent se montrer plus compréhensives vis à vis du végétarisme et du végétalisme, elles ne sont pas qualifiées pour remplacer les conseils prodigués par un⸱e médecin ou un⸱e diététicien.ne.

Pour en revenir aux professionnel⸱les de santé, il me semble important de préciser que, si leur formation initiale est clairement inadaptée à la prise en charge convenable des personnes végétariennes et végétaliennes, par chance, il existe depuis quelques années deux formations sérieuses qui leur permettent de développer les compétences et les connaissances nécessaires à une prise en charge optimale de ces patient.es. Je t’encourage donc vivement à choisir des professionnel⸱les de santé qui auraient suivi soit la formation de Virginie Bach, soit celle du DU de la Sorbonne sur les alimentations végétariennes, voire les deux. Tu peux par exemple jeter un œil au répertoire mis en ligne sur le site de l’Observatoire National des Alimentations Végétales : https://lonav.fr/trouver-un-e-pro-de-sante/

Il n’y a là bas que des professionnel⸱les de santé formé⸱es aux spécificités des alimentations végétales. Ce sont des médecins, diététiciens et diététiciennes auprès desquel⸱les tu peux être toi-même en tant que personne végétarienne ou végétalienne, et recevoir des conseils éclairés adaptés à ta situation.

Tu peux également solliciter des recommandations auprès de groupes dédiés aux alimentations végétales sur les réseaux sociaux par exemple. Je suis sûr⸱e que d’autres personnes auront des médecins ou diététicien⸱nes compétent.es à te conseiller.