En remettant en cause la naturopathie que je pratiquais, j’ai été amenée à questionner les enseignements que j’avais reçus et les lectures que j’avais eues au sujet de l’alimentation et de la santé. Ça fait maintenant pas mal de temps que j’affine mon radar pour différencier les infos fiables des infos fantaisistes, voire dangereuses, à ces sujets. Et j’avais envie de vous livrer quelques astuces que j’applique désormais au quotidien lorsque je veux me faire un avis rapide sur une info en lien avec l’alimentation et la santé. Alors, ça ne permet pas de savoir à 100 % si une info est fiable ou pas, mais ça permet déjà de faire un bon tri et de mettre de côté les infos les plus susceptibles de relever du bullshit…
De manière assez automatique, je traque désormais ce que je considère comme étant les signes d’alerte les plus courants. Et je vais les partager ici avec vous. Une fois que j’aurai abordé rapidement ces quelques points, on ira fouiller dans ma bibliothèque pour trouver quelques illustrations concrètes… Et vous allez voir que, dans la bibliothèque d’une naturopathe repentie, on trouve matière à exercer son esprit critique !
Alors, ça vous surprendra peut-être, mais mon premier point de vigilance, ce n’est pas le titre de la personne qui parle ou qui écrit… Parce que d’expérience, je sais que beaucoup de médecins et professionnel-le-s de santé instrumentalisent leur diplôme pour tenir des propos absolument pas fondés, et parfois même dangereux pour la santé… Ces médecins là sont souvent mis en avant dans les disciplines pseudo-scientifiques d’ailleurs. Alors personnellement, médecin ou pas, je me méfie tout autant…
Par contre, il y a 8 choses qui m’alertent très très fort :
– La première chose, c’est ce que l’on nomme un appel à la nature. C’est à dire lorsqu’une personne met en avant le caractère « naturel » d’une chose pour vanter ses mérites – quoi que le terme « naturel » puisse bien recouvrir d’ailleurs… Ce genre d’argumentaire attire inévitablement mon attention, puisque le caractère « naturel » d’une pratique ou d’un aliment n’est pas un indicateur de sa pertinence ou de son intérêt nutritionnel. Il existe en effet énormément de choses tout à fait naturelles qui ne sont pourtant pas bonnes à consommer, comme par exemple l’arsenic, le plomb, les champignons toxiques, les parasites ou les salmonelles dans les viandes ou autres aliments pas assez cuits, certaines plantes mortelles etc etc…
– Un autre signe d’alerte que l’on croise souvent, c’est l’appel à la tradition ou à l’ancienneté. Vous savez ? Ce sont ces petites phrases du style « On a toujours fait comme ça », ou bien les références à la préhistoire, aux pratiques des « anciens ». Là encore, je me méfie, parce que le caractère traditionnel ou ancien d’une pratique n’est pas le gage de sa pertinence ni de son intérêt nutritionnel. Sinon on aurait sûrement continué à manger et vivre comme nos ancêtres du paléolithique… et on ne vivrait sûrement pas plus d’une trentaine d’années…
– Autre signe d’alerte courant : l’appel à la popularité. Là c’est quand une personne veut donner du crédit à son propos en jouant sur la popularité de la pratique qu’elle promeut. On remarque ça à des petites phrases du genre « Tout le monde fait comme ça » ou bien « nous sommes une majorité à penser que… » Et ça aussi ça attire mon attention, parce que la popularité d’une pratique n’est pas le gage de sa pertinence ni de son intérêt nutritionnel. Par exemple, le fait que de nombreuses personnes boivent régulièrement du soda ne fait pas pour autant du soda une boisson saine…
– Un autre groupe d’arguments qui me font m’alerter sur la pertinence des propos tenus sur le lien entre alimentation et santé, ce sont les références au patrimoine culinaire, à la culture, à la dimension exotique d’un produit, au goût, au plaisir gustatif… Tout ça c’est bien sympa, mais ce n’est pas parce qu’un aliment est bon, culturellement important ou qu’il bénéficie d’une réputation sympa de par son exotisme qu’il est meilleur pour la santé…
– Je me méfie aussi beaucoup de l’appel au bon sens. C’est cette façon de promouvoir une alimentation donnée parce qu’elle relèverait du « bon sens » ou du « sens commun ». Sauf que le « bon sens », c’est quelque chose de très variable d’une personne à l’autre, et c’est aussi trompeur. Pour mémoire, c’est le bon sens qui nous a fait croire pendant longtemps que le Soleil tournait autour de la Terre, et pas l’inverse…
– Un autre signe d’alerte majeur selon moi, c’est l’argumentation par anecdotes ou témoignages. Lorsque la personne qui promeut une alimentation donnée le fait en s’appuyant uniquement ou presque exclusivement sur le récit de témoignages de ses proches, de ses clients, de ses ami-e-s, de la tante du cousin de sa voisine, du père de la collègue de son coiffeur etc etc, méfiez vous, ça ne semble pas bien sérieux…
– Avant dernier signe d’alerte, et pas des moindres : les prétentions extraordinaires ! Si on vous vante les mérites d’un aliment ou d’un régime alimentaire en lui attribuant une liste longue comme le bras de bienfaits, hummm, c’est pas bon signe… Parce que si l’alimentation miraculeuse qui permet de guérir aussi bien la sclérose en plaque, la dépression, l’acné, la maladie de Crohn et le cancer existait réellement, les diététicien-ne-s et médecins en feraient la promotion depuis bien longtemps…
– Et on arrive enfin à la fin de cette liste, avec le dernier signe d’alerte auquel je me réfère tout le temps… Et celui-ci, il est assez personnel, dans le sens où je l’ai construit au fur et à mesure de mes lectures et des contenus auxquels je me suis exposée. En fait c’est assez simple, quand je vois apparaître certains mots-clés, ma vigilance est démultipliée et je fais preuve d’une grande méfiance. C’est notamment le cas quand je vois apparaître le terme d’« homéostasie », le nom d’Hippocrate, l’évocation de la « simplicité » d’un régime alimentaire, l’équilibre acido-basique, des prétentions énergétiques… La mention du caractère « indispensable » d’un aliment me fait le même effet. Parce qu’aucun aliment, strictement aucun n’est indispensable : seuls les nutriments le sont.
Je le redis encore pour qu’il n’y ait pas de malentendu : se méfier lorsque l’on aperçoit les signes d’alerte que je viens de mentionner ne permet pas de déterminer si une info est fiable ou pas, mais ça permet déjà de faire un bon tri et de mettre de côté les infos les plus susceptibles de relever du bullshit, surtout si elles cumulent les signes d’alerte…
Bon, maintenant, passons à la pratique… J’ai sorti quelques livres en rapport avec l’alimentation que j’avais sous le coude, pour illustrer rapidement ce que l’on vient de voir de manière assez théorique. Alors, on en va pas entrer dans le détail, mais je vais piocher quelques éléments à droite à gauche pour essayer de vous donner des exemples concrets de contenus dont il faudrait questionner la fiabilité, autrement dit, dont il faudrait se méfier. Retrouvez ces exemples dans la vidéo dont le lien est ci-dessous, à partir de la minute 6:20.
S’il vous est plus agréable d’écouter ou de regarder une vidéo plutôt que de lire cet article, retrouvez son contenu en ligne sur l’une de mes chaînes :
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