Pourquoi je ne promeus plus la « whole food plant-based diet »…

Lorsque j’étais naturopathe (et surtout sur la fin de ma pratique), je faisais une fixation sur la « whole food plant-based diet » (que je nommerai WFPBD ci-après). C’est l’alimentation que je pensais idéale et dont je faisais la promotion auprès de presque toutes mes client-e-s. J’avais même créée des supports de communications spécifiques pour du « coaching » en WFPBD !

Mais avant d’aller plus loin, précisons de quoi il s’agit. La WFPBD est une alimentation « naturelle » composée uniquement de produits végétaux complets ou peu raffinés : des céréales complètes, des légumineuses, des fruits, des légumes, des graines oléagineuses, des algues… mais pas de céréales blanches, pas de sucre, pas de produits transformés ni d’huile.

A l’époque, je m’abreuvais continuellement des ouvrages et conférences des médecins qui promeuvent activement cette alimentation, notamment le Dr Joel Fuhrman, le Dr Michael Greger, le Dr Caldwell Esselstyn, le Dr Neal Barnard et le Dr Micheal Klaper. Ma « bible », c’était le best-seller du Dr Greger, son ouvrage « Mieux manger peut vous sauver la vie » (traduit à partir de son ouvrage « How not to die »). Et à l’époque je me suis même formé-e avec le module « Plant-based nutrition » dispensé au sein du T. Colin center, qui dépend de l’université de Cornell.

A travers tous ces contenus, on nous explique à quel point il est important d’adopter une telle alimentation pour éviter (voire traiter!) le diabète, les maladies cardio-vasculaires, les cancers et autres maladies chroniques… J’avais donc fini par être convaincu-e que cette alimentation était l’alimentation qui permettait d’être en meilleure santé, et c’est dans cette logique que j’en faisais la promotion auprès de ma clientèle.

Je leur apprenais à végétaliser leur alimentation, à assurer leurs apports en acides gras sans utiliser la moindre goutte d’huile, à se passer complètement du sucre, à bannir les céréales raffinées et produits transformés… en leur assurant que c’était la meilleure chose à faire pour être en bonne santé. Et cette vision « puriste » et « naturelle » de l’alimentation collait parfaitement bien avec les enseignements que j’avais reçus en naturopathie.

Sauf que… petit à petit, en remettant en cause les fondements de la naturopathie, j’ai aussi développé mon esprit critique et appris à remettre en cause mes certitudes. J’ai donc passé à la moulinette de l’esprit critique les fondements de cette alimentation « whole food plant-based diet ». Et une fois mis de côté l’argument d’autorité que constitue le doctorat de ses promoteurs les plus actifs, je me suis rendu compte qu’il y avait là pas mal de cherry picking. J’ai réalisé que la rigueur scientifique n’était pas au rendez-vous et que les études étaient souvent interprétées très… librement.

Aujourd’hui, après avoir sélectionné des sources plus fiables au sujet des alimentations végétales, je ne pense plus qu’une alimentation WFPBD soit une alimentation miraculeuse permettant de prévenir ou guérir presque toutes les maladies. Je ne pense plus non plus que ce soit la seule façon de manger pour être en bonne santé, ni que la diabolisation et l’éviction totale des huiles, sucre et produits transformés soit justifiée.

Car à ma connaissance, il n’existe aujourd’hui aucune preuve scientifique permettant d’affirmer qu’une alimentation WFPBD soit meilleure pour la santé que d’autres alimentations (végétales ou carnées), ou bien qu’il soit nécessaire de bannir huile, sucre, aliments transformés et céréales raffinées pour être en bonne santé.

Si je continue à promouvoir les alimentations végétales pour des raisons éthiques et environnementales, je ne soutiens plus l’idée qu’il faille nécessairement avoir une alimentation végétalienne pour être en bonne santé, ni même que la WFPBD soit la seule alimentation végétale saine.


Pour aller plus loin et se former aux spécificités des alimentations végétales :

Formation « Alimentations végétariennes, accompagnement diététique optimisé : du flexitarisme au végétalisme / Des données scientifiques à la pratique » dispensée par le Centre de Formation Diététique et Comportement, par Virginie Bach et Florian Saffer : https://www.dietetiquecomportementale.com/copie-de-elearning-tca

Diplôme universitaire « Alimentations végétariennes » dispensé par Sorbonne Université : https://fc.sorbonne-universite.fr/nos-offres/du-alimentations-vegetariennes/